Aucune dérision dans ce titre, promis-juré. Imaginer qu'on a pu arriver à un système complet, avec interface graphique, grâce au travail souvent désintéressé d'une armée de passionnés a de quoi laisser pantois et admiratif. Maintenant, ce n'est pas parce que des illuminés parviennent à concevoir et à fabriquer une voiture parfaitement fonctionnelle, faite de pots de yaourt et de carton recyclé que tout le monde en aura une demain dans son garage. Pour permettre à des équipes différentes, ne se connaissant pas, travaillant chacune à leur rythme de travailler de concert, Linux n'a pas eu d'autre choix que de se constituer en couches bien séparées, chaque couche n'ayant qu'un nombre limité de contacts avec les couches inférieures et supérieures. Il fallait utiliser ce qui avait déjà été écrit parfois en double, triple ou quadruple, chacun ayant essayé de proposer sa propre vision de la solution à chaque problème. Là où, pour un système d'exploitation "classique", les interactions entre les modules constituant le système auraient été le fruit d'un dialogue entre les équipes de programmeurs, sur Linux, cela donne une impression de "on a fait avec ce qu'on a trouvé". Plutôt que de laisser à un petit groupe le soin de décider la composition du système, on a compté sur la sélection naturelle pour que les solutions les plus stables et les plus pratiques émergent au détriment des autres. Problème : avant que le super-prédateur parfait n'apparaisse au sommet de la pyramide, il faut des millions d'années de conflits, batailles, cohabitation forcée, catastrophes et mutations sans lendemain. Linux en est à ce point : une multitude de systèmes presque pareils mais pas tout à fait, derrière lesquels on sent le poids d'une histoire chargée de chantiers et de ruines, de parois écroulées parfois reconstruites, parfois étayées avec des matériaux de récupération, des murs de pierre doublés en placo, ou des plaques de plâtre parées de fausse pierre. De l'extérieur, le bâtiment paraît lisse et bien crépi, les fondations sont solides, mais entre les deux, c'est un jouyeux foutoir, et on n'est pas certain que toutes les pièces aient une porte ou que le plombier ait vérifié toutes ses soudures. Bien que Linux n'équipe qu'une part infime du marché des ordinateurs personnels, programmer sur ce système nécessitera un investissement considérable, largement supérieur à celui demandé pour Windows ou MacOS. Une communauté active sera heureusement là pour vous épauler, mais cela ne suffira pas, la plupart du temps, et le temps passé à rechercher vainement la solution sur les forums n'améliorera pas votre productivité. Coté utilisateur "lambda", si vous trouvez Windows mal fichu parce qu'il vous a fallu une fois ou deux taper une commande MS/DOS ou créer un raccourci à la main, n'allez pas plus loin : fuyez et ne vous retournez pas ! Par pitié, à moins que vous n'ayez de solides connaissances et que vous soyez très, très curieux de nature, utilisez Linux dans un smartphone, une tablette, un lave-linge, une cafetière électrique, mais, de grâce, ne l'installez pas sur votre ordinateur en croyant que ce sera aussi simple que Windows ou MacOS. |
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by Olivier Guillion | | |
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Sur Windows la tendance est à la simplification. Se rendant compte qu'une interface graphique prévue pour un très grand écran et une souris précise n'était pas très utilisable sur un petit écran de smartphone avec un gros doigt, on a donc remplacé les listes par de grosses icônes, les boutons par de gros carrés, et on a simplifié, élagué, tranché dans le vif pour éliminer tout ce qui dépassait. On en a oublié qu'il y avait encore quelques personnes qui utilisaient vraiment leur ordinateur de bureau (ou leur portable), et on a parfois un peu trop élagué. Ainsi, voila ce que donnait la boîte système de réglage du son sur Windows XP : Cette boîte permet de répondre aux questions suivantes : - Par défaut, sur quelle sortie veux-je entendre le son ? - Par défaut, quelle entrée je vais utiliser pour enregistrer du son - Par défaut, quelle sortie MIDI vais-je utiliser pour jouer les fichiers MIDI ? Partant de là, chez Microsoft, ils se sont dit : "Bon, on reprend tout, mais avec de grosses icônes. Et ça a donné ceci : Tout y est : - Un onglet pour le choix de la sortie sonore par défaut (avec de grosses icônes) - Un onglet pour le choix de l'entrée sonore par défaut (avec de grosses icônes) Et voila, tout y est. Oh, wait... Où est passé le réglage de la sortie MIDI ? "Mince alors", s'écrient-ils poliment en choeur, conformément à la charte de langage des bureaux de Redmond, "on l'a oublié !" Mais c'est trop tard, il est 18h30, et la sortie de Windows Vista est prévue pour demain matin. Alors, Bob laisse un post-it sur le bord de la table avec marqué "ne pas oublier de gérer la sortie MIDI par défaut dans la prochaine version de Windows". 22h30 : Joe, qui fait le ménage dans les bureaux de Microsoft, reçoit un appel. Il doit acheter des oeufs, des céréales et du sirop d'érable en rentrant du boulot. Il cherche un papier pour noter, trouve le post-it, y écrit sa liste de courses et le fourre dans sa poche. Et voila. Nous en sommes à Windows 8, et l'oubli a persisté. Le choix du périphérique MIDI par défaut est pourtant prévu dans le système, mais l'interface graphique manque. Il faut aller taper à la main dans la base de registre pour régler tout ça. Compliqué. Trop. Lorsqu'un utilisateur a des problèmes avec les sorties MIDI, il nous est donc maintenant impossible de lui demander de jouer un fichier MIDI depuis le système pour vérifier qu'il entend bien du son. Qu'est-ce qu'on fait, alors ? On se cotise pour envoyer un nouveau bloc de post-its à Microsoft ? Mise à jour 06/02/2013 : Glané ici et là sur le net, un freeware pour pallier à la suppression du choix de la MIDI et une discussion sur les modifications à apporter à la base de registre. Nous n'avons testé ni l'un, ni l'autre sur Windows 8. |
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by Olivier Guillion | | |
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